Audacieuse est un mot qui qualifie bien Karola Zuël. La demoiselle a un don pour mettre à l’aise. En même temps les sujets qu’elle explore demandent une ouverture d’esprit conséquent. Karola Zuël prend goût au théâtre et à la mise en scène à travers Raj Gokhool une des personnes qui la marquera le plus et l’inspirera à vivre de ce qu’elle aime.
Un manque d’inspiration l’emmène à admettre qu’elle est une source d’inspiration car, dit-elle, cinq ans de cela elle n’aurait même pas imaginer pouvoir parler de choses taboues aussi ouvertement. Une chose qu’elle fait très bien à travers son livre, Sex’Plik, qui est un guide sur l’éducation sexuelle qui a vu le jour en décembre 2020. Ce livre est la suite logique d’une série de vidéos qu’elle anime sur Youtube, pour parler de choses qui dérangent. Faut croire que pour la jeune fille les choses avaient besoin d’être bousculé. Car pour elle, il est primordial d’apprendre à connaître son propre corps et celui de l’autre pour donner quelque chose de plus sain que des rumeurs et des idées reçues pour construire l’image que l’on a de la sexualité surtout pendant la période où les jeunes sont très influençables.
C’est après une rupture, au moment où elle réalise qu’il lui faut un projet que les conversations au sujet de la sexualité autour d’elle commencent à l’interpeler. Mais le lancement de son projet l’amène à parler de liberté d’expression, un sujet qui la touche profondément surtout quand ce n‘est qu’une façade et que ceux prônant la liberté d’expression se permettent de le juger. Elle mettra un point d’honneur à traiter de sujet qui met mal à l’aise car, dit-elle, on ne peut attendre un drame pour en parler.
Des drames justement à Maurice il s’en produit beaucoup et ceux contre les femmes ainsi que les filles sont en constante hausse. Maurice se souviendra encore longtemps de l’atroce assassinat de la petite Eléana Gentil agée seulement de 11 ans par un proche de la famille. Même l’île Rodrigues n’y échappe pas, pourtant l’éducation sexuelle de façon systématique ne trouve toujours pas son chemin dans nos établissements scolaires. Ce qui explique aussi selon notre interlocutrice le nombre élevé de grossesse précoce chez nos ados. C’est bien en ce sens que le travail de Karola doit être salué puisqu’il vient bousculer les mœurs de cette société mauricienne ultra-conservatrice en déphasage avec la volonté de la jeune génération qui ne demande qu’à s’émanciper.
Au final on comprendra que pour Karola Zuël il fallait impérativement trouver un moyen de laisser une trace. Défi relevé j’oserai dire, car au final tous ceux qui lieront attentivement ce livre apprendront d’une façon ou d’une autre quelque chose sur sa sexualité. Et l’audace donc elle a fait preuve inspire à sortir des chantiers battus pour amener un peu plus d’authenticité dans ce monde.
Rakta