Texte de Eileen Flore repris de Independence News de Rodrigues.
UNE POLITIQUE COLONIALE
Si pour résoudre le problème d’eau à Rodrigues, la ‘Rodrigues Public Utilities Corporation’ (RPUC), doit emprunter Rs 1 milliard auprès de la ‘Mauritius Investment Corporation’ (MIC), c’est tout simplement une politique de deux poids deux mesures vis-à-vis des citoyens au sein d’une même république. C’est ce que pense Jocelin Louis, le Président du Syndicat des travailleurs du secteur privé.
La MIC a été crée par la Banque de Maurice pour assister financièrement les compagnies en difficulté affectées par la pandémie du ‘COVID-19’, afin d’empêcher les pertes d’emplois. Et selon le ‘Chairman’ de cette institution, Meghnad Desai, la MIC est également mandatée pour investir dans des projets qui ont pour objectif de construire l’ile Maurice de demain. De ce fait, la MIC prête de l’argent aux demandeurs (li donn loan a bann konpanie), tout en s’assurant que ces derniers ont la capacité de remboursement. « Au cours du discours budget 2021-2022, le Ministre des Finances avait annoncé que pour régler le problème d’eau dans le district de Savanne, le gouvernement central allait investir Rs 9, 4 milliards pour la construction d’un barrage et d’une unité de traitement d’eau à Rivière Des Anguilles. Par contre, pour régler le même problème à Rodrigues (le Ministre avait lui-même reconnu que ce problème fait des ravages à Rodrigues depuis bien trop longtemps),c’est la MIC qui doit investir Rs 1 milliard. Pourquoi donc dans le cas de Savanne – Rivière Des Anguilles, c’est le gouvernement qui investit de l’argent, alors que pour Rodrigues c’est la MIC qui doit investir ? Pourquoi deux manières de régler un même problème pour les citoyens au sein d’une même république ? Pour quelle raison obscure le rodriguais doit rembourser l’argent que le gouvernement investit pour régler le problème d’eau à Rodrigues ? Selon quelles critères le Ministre des Finances a pris cette décision ? Est-ce en rapport avec la region géographique ou ce développement se fait ? Est-ce par rapport aux personnes qui vont en bénéficier ? Ce sont là des questions importantes qui méritent des réponses et les rodriguais veulent des réponses », soutient Jocelin Louis.
Le syndicaliste estime que les gouvernements régionaux successifs ont le devoir d’expliquer pourquoi ils ne questionnent pas cette disparité dans le traitement des citoyens alors qu’ ils parlent d’intégration, de république indivisible ou encore de travailler avec le peuple pour le peuple. « Olye zot fer sa, zot koz kre kompanyen ek lide fer Rodrige pey delo pou rann sa loan 1 milyar ki zot tou konin gouvernman central ti bizin inn donn Rodrig dan plas li pret nou sa atraver so MIC.» Du coup, nous pensons qu’ils travaillent avec et pour le gouvernement central et pas dans l’intérêt du peuple rodriguais », rajoute-il.
Il souligne que la principale raison du problème d’eau à Rodrigues est que nos besoins dépassent nos productions. Il estime que la solution est simple. Il suffit d’augmenter notre capacité de stockage des eaux de surface en investissant dans des infrastructures telles que des barrages, entre autres, en utilisant les unités de dessalement comme une alternative pendant les périodes sèches. « Zot pa kapav nek kre konpanie apre vinn prezant sa kouman solision mirak pou regle problem delo. Çà c’est une illusion. Car nous savons tous ici ou se situe le problème, comment et quoi faire pour le résoudre. Il faut construire des barrages et pas « Nek vinn koz kre kompani parski mank couraz ek volonte pou reklam seki dwa nou. Et surtout pas accepter de contracter et rembourser un emprunt qu’ils n’ont même pas sollicité ! », dit Jocelin Louis.
Il souligne qu’il existe déjà un département public qui s’occupe de l’eau dans l’île, la ‘Water Unit’. « Pourquoi créer une autre entité pour faire le même travail en doublant les dépenses ? L’argent qui va être injecté dans cette compagnie aurait pu être utilisé pour renforcer ce qui existe déjà. N’est-ce pas là un exemple flagrant de gaspillage de ressources ? », s’interroge Jocelin Louis. Des questions pertinentes qui méritent que nos dirigeants y réfléchissent.