Le SIDPR pour soutenir le développement socio-économique de Rodrigues
Le ‘Sustainable Integrated Development Plan for Rodrigues’ (SIDPR) 2023-2032 a été lancé le 11 mai dernier à Port Mathurin par Vincent Degert, Ambassadeur de l’Union Européene pour Maurice et Les Seychelles. Cela, en présence du Chef commissaire Johnson Roussety, ainsi que d’autres dignitaires. Ce plan, financé par l’Union Européene et étalé sur une durée de 10 ans, est considéré la ‘bible’ qui guidera Rodrigues vers un développement durable, tout en respectant l’environnement. Du moins c’est ce qu’affirment les autorités locales.
L’objectif du SIDPR, qui est un document de référence, est de faire de Rodrigues la première île écologique au sein de l’Océan Indien d’ici 2033. De transformer Rodrigues en une ‘île créole écologique et durable’ dans une stratégie centrée sur sa population. Il met en lumière les failles et les lacunes du système actuel. De ce fait, des recommandations ont été faites et des stratégies ont été élaborées en se basant sur huit secteurs clés. Notamment l’environnement, (l’utilisation et la conservation des ressources naturelles), le changement climatique, l’eau (sa production et sa distribution), l’énergie renouvelable, le tourisme, l’agriculture bio, l’économie bleue et les petites et moyennes entreprises (PMEs). Dans une approche globale, le plan veut conduire vers la création de richesse à travers la création de secteurs privés solides et des petites et moyennes entreprises.
En ce qu’il s’agit de la production d’eau, les autorités régionales misent sur la construction de nouvelles unités de dessalement. Ce secteur est désormais géré par la ‘Rodrigues Public Utilities Corporation’ qui elle-même sera financée par la ‘Mauritius Investment Corporation’ à travers un emprunt à hauteur de Rs 1 milliard. Et actuellement, le débat fait rage dans l’île à ce sujet. Le plan prévoit également la réhabilitation et la construction de nouveaux reversoirs et des barrages. Tout en offrant à la population une eau préalablement traitée pour les besoins domestiques qui seront dissociés des besoins agricoles. Les nappes phréatiques ainsi que les eaux de surface seront protégées à travers une meilleure gestion du système sanitaire au niveau des ménages, d’une gestion efficace des eaux usées et des déchets solides et dangereux tels que les huiles de vidange. Cela, dans le but de protéger la biodiversité aquatique et le lagon qui s’est fragilisé.
Pour ce qui est du changement climatique, le constat est sans appel. Il y a la montée du niveau de la mer, le réchauffement de la planète, ainsi que l’intensification des cyclones tropicales. Il est donc impératif de pouvoir s’adapter afin d’être résilient. Dans ce contexte, le plan préconise l’utilisation des énergies renouvelables afin de limiter l’émission des gaz à effet de serre. Il prévoit aussi la protection des cotes contre l’érosion des plages. Dans le domaine de l’environnement, il préconise un système intégré pour sa gestion, visant à aboutir à la conservation de l’environnement local en éliminant les espèces invasives afin de protéger les espèces endémiques. Concernant l’agriculture bio, le plan souligne qu’il faut miser sur l’innovation et la recherche. Il faut également trouver un marché durale pour les produits agricoles bio. Il préconise d’aller aussi vers la transformation des viandes et la commercialisation des produits dérivés. Surtout ceux du porc.
Concernant l’énergie renouvelable, le SIDPR souligne qu’il est vital pour la population d’avoir accès à une énergie propre à faible coût. Il cite l’énergie éolienne et la photovoltaïque, entre autres. Il faut savoir qu’en pleine été, l’île est très ensoleillée. Et dans certaines régions spécifiques, le vent souffle fort presque tout le long de l’année. Et produire de l’énergie propre à partir de là n’est pas sorcier. D’ailleurs, l’île compte une parc photovoltaïque communautaire à Rivière Coco, installé en 2021 sous la tutelle de l’ancien Commissaire de l’Environnement Richard Payendee. L’île compte également deux parcs éolienne situés à Trèfles et Grenade respectivement, installés par le ‘Central Electricity Board’. Concernant l’économie bleue, le plan indique qu’il y a une absence d’une approche publique dans la gestion des activités liées à la mer. Il insiste qu’il y a des leçons à tirer si les autorités veulent gérer et développer l’économie bleue de manière durable. Il recommande une approche participative en encourageant des secteurs émergements tels que la biotechnologie bleue, pour ne citer que celle-là, ainsi que la mise sur pied d’un plan directeur pour le développement de l’économie bleue. Ce qui entraînera automatiquement une surveillance de toutes les activités qui y sont liées.
En ce qu’il s’agit des PMEs et du secteur privé, le plan recommande un assouplissement de l’accès aux finances. A cet effet, plusieurs plans d’aide financière sont proposés. Une amélioration des services d’aides professionnels aux entreprises est également proposée. Il indique qu’il faut aussi réduire les activités économiques non déclarées et informelles. Dans le secteur du tourisme, un des piliers de l’économie locale, le plan propose un projet très ambitieux. Et non des moindres : Rodrigues doit être l’endroit à voir et à être vu (the place to see and to be seen), pour une expérience humaine inoubliable. Ce qui ne sera possible qu’avec la mise sur pied d’un plan directeur soutenable et durable pour l’île. Pour cela, le plan parle d’écotourisme et de promotions touristiques, entre autres. Pour rappel, ‘Les Assises du Tourisme’ se sont tenues en juillet 2020. Il y a donc trois ans. Cela, afin d’identifier les faiblesses et le forces de ce secteur. L’objectif final était de venir avec un plan d’action destiné à faire redémarrer ce secteur après la pandémie du ‘COVID-19’. Les discussions avaient débouché sur l’élaboration d’une feuille de route pour redynamiser le secteur. Certaines des recommandations ont été mises en pratique par certains établissements touristiques.
Rodrigues se targue d’avoir des ambitions légitimes qui pourraient être qualifiées d’utopiques. Elles sont peut-être réalisables si les autorités veulent bien s’en donner les moyens. Car l’avenir de Rodrigues en dépend. Il n’y a qu’une seule Île Rodrigues qu’il faut à tout prix préserver. Toutefois, soyons optimistes. Dans 10 ans on saura si les objectifs ont été atteints ou pas.