- Notes pour un
Appel à un mouvement des peuples de l’Océan-Indien
Koste Pep Losean Indien
La réunion de l’Océan-Indien, tenue du 30 au 31 octobre 2018 à Maurice, organisée par CARES, dans le cadre du School of Ecology 2018, réunissant les mouvements et les militants de l’Océan-Indien / les regions côtières de l’Afrique australe, y compris les mouvements sociaux, les syndicats, les travailleurs, les femmes, les pêcheurs, les jeunes et les mouvements écologiques ainsi que les universitaires, les artistes, les ilien.ne.s, les amoureux de la nature de la région:
Réalisant nos points communs:
• Notre situation géographique spécifique, nous façonnant non seulement en tant que personnes terrestres mais océaniques ;
• Notre dure histoire commune du colonialisme et de l’esclavagisme ;et les résistances et processus de libération conséquents de nos peuples et de nos ancêtres ;
• Nos menaces communes actuelles résultant de la crise climatique et écologique ;
• Nos nécessités communes pour faire entendre nos voix et façonner des politiques pour un avenir commun, afin de transcender notre rude passée et les menaces à notre survie ;
Prenants connaissance de la période géologique sans précédent dans laquelle nous nous trouvons, l’Anthropocène, et le franchissement critique des frontières écologiques planétaires, menaçant la base de la civilisation et des vies humaines ; et le cycle de reproduction de certaines autres formes de vie sur la planète;
Comprenant que la crise climatique et écologique profonde est le produit direct du système social, économique et politique – capitalisme, patriarcat, racialisé – reposant sur l’accumulation permanente de richesses pour quelques-uns, la dépossession et la capture de la nature, l’extraction-exploitation du travail humain et l’expropriation de notre richesse naturelle commune;
Comprenant que la crise climatique et écologique affectera principalement les populations du Sud, de l’Afrique, des océans et en particulier l’océan Indien et ses habitants;
Conscients du fait que l’Océan-Indien et les peuples des régions côtières d’Afrique, tout en étant confrontés aux vestiges de la domination coloniale et de l’impérialisme passé, demeurent privés de droits sociaux, économiques, culturels ainsi que de droits souverains’
Préoccupés par le fait que nous vivons actuellement sous la réalité de l’impact de la crise climatique et écologique, nous sommes maintenant confrontés à une nouvelle forme de période coloniale caractérisée par l’accaparement des moyens de subsistance et notre richesse naturelle commune d’une part, engendrant un processus de gentrification profond dans nos sociétés;
Préoccupés par l’émergence fascisante des climato-sceptiques dans de nombreuses régions du globe, menaçant non seulement les droits civils des citoyens, mais aussi les bases mêmes de la survie humaine avec les crises climatiques / écologiques et la guerre nucléaire mondiale.
Après avoir discuté des problèmes critiques suivants :
• L’impact croissant de la crise climatique et écologique sur l’Océan-Indien et ses peuples ;
• Le pillage, la capture, l’accaparement et l’extractivisme du patrimoine commun de nos océans et de ses richesses ;
• Des droits sociaux et politiques ;
• Du militarisme croissant de l’océan ;
• Du processus restants de décolonisation, tout en créant des défis pour faire face aux nouvelles puissances impériales ;
• De l’échec du pouvoir institutionnel existant, des systèmes économiques et sociaux aux niveaux mondial, régional et local pour protéger l’océan et ses habitants ; et la nécessité de développer le pouvoir populaire.
Demandes aux peuples de l’Océan-Indien d’être de se mettre en mouvement pour dire que:
1) La vie compte sur notre planète! 1.5c c’est la limite ;
2) Le système doit changer ;
3) La transition écologique, sociale et économique, remettant en question la structure du pouvoir global, régional et local est une nécessité de survie ;
4) Les États de l’océan Indien devraient reconnaître l’actuelle urgence climatique et écologique, ainsi que le droit des peuples à la vie et le droit de la nature dans nos Constitutions. Tout développement économique se doivent d’être conforme à ces changements constitutionnels fondamentaux ;
5) Un changement important vers les énergies renouvelables basé sur la démocratie énergétique et articulé impérativement avec les droits sociaux et la participation des citoyens à la production ;
6) Le principe de la dette climatique, de la justice climatique, du budget carbone doit être reconnu et être fondamental pour faire face à la crise climatique ;
7) Les pays et les entreprises, principalement dans le nord, doivent payer! Ils ont déjà profité du colonialisme et de l’esclavagisme ; et maintenant responsables de la crise climatique à travers leurs émissions de carbone passées et présentes. Ils doivent payer leur dette climatique et écologique aux populations de l’océan Indien et du Sud, pour assurer notre stratégie de transition et adaptation socio-écologiques.
8) Les pays et les sociétés devraient laisser le pétrole dans le sol de même que le charbon sous terre et adopter une transformation socio-écologique fondamentale, pour la survie des peuples de l’Océan-Indien et de ceux de leur propre pays, riches et industrialisés ;
9) Des actions communes des Peuples des Océans qui montent ensemble avec les personnes et la jeunesse en mouvement dans le monde contre tous les États et les sociétés qui menacent la survie des sociétés humaines et l’écosystème planétaire ;
10) Notre océan est notre bien commun. Arrêtez de piller notre océan. Arrêtez tous les accords de pêche ou d’extraction de ressources préjudiciables à notre population, à notre souveraineté alimentaire et à la biodiversité de nos océans ;
11) Nous voulons la paix! L’Océan-Indien doit être déclaré zone de paix. Toutes les bases militaires étrangères, comme Diego Garcia, doivent être fermées,
12) Non aux restant de la colonisation. Notre processus de décolonisation se doit d’être achevé. Tous les territoires détachés et maintenant occupés par les puissances coloniales doivent être rendus au peuple des pays respectifs.
13) Non à toutes nouvelles formes de colonisation ou d’accaparement des terres, des îles, du littoral, des plages, des océans.
14) Soutenez les droits de tout peuple insulaire à lutter pour plus de liberté et leur droit à l’autodétermination.
Appel aux peuples à créer des visions alternatives pour réorganiser la société afin d’assurer les conditions de reproduction de toutes les formes de vie et le bien-être des populations de notre région et de la planète.
• Avec la pleine participation des travailleurs, des femmes, des jeunes ainsi que des petits agriculteurs et des producteurs liés à la terre et à l’océan, des pêcheurs et tous les citoyens amoureux de la vie comme colonne vertébrale d’un tel mouvement des peuples de l’océan en opposition au capitaliste et fausse solution promue par des institutions et des élites mondiales.
• Être solidement ancré dans l’éco-socialisme, l’éco-féminisme et la démocratie au pouvoir horizontale
• Repenser notre relation à la nature, collectivement en tant que société et individuellement dans notre mode de vie.
• Promouvoir le concept des droits de la nature, les biens communs, en conjonction avec tous les droits sociaux, économiques et culturels dans nos systèmes nationaux, régionaux et mondiaux, et en opposition avec le système des entreprises et ses soi-disant «droits» promeuvent par l’OMC et des organismes mondiaux et/ou régionaux
• Remettre en question les systèmes alimentaires actuels pour garantir la souveraineté alimentaire et la sécurité de nos populations
• Contester le contrôle technologique actuel des entreprises qui porte atteinte aux droits des peuples et aux libertés civiles.
Rédigé par CARES et présenté pour discussion lors de la réunion préliminaire du 29 janvier 2020 à Maurice.